CR conférence Bébel 20/09
L’Art de la magie
Bébel a bien insisté, sur tout les aspects du spectacle de magie, pour lui la technique et l’enchaînement des routines ne se suffisent pas à elles seules, il faut considérer la prestation dans son ensemble, motiver chaque geste. Bien sur on peut faire une addition de 3 cartes en posant simplement les as sur le paquet tenu en main gauche, mais si la main droite déplace l’étui vide qui est au milieu du tapis, vous avez une motivation pour poser les 4 as sur le paquet en main gauche. Tout le long de la conférence Bébel insiste sur le pourquoi et la motivation de chacun de ses gestes.
Par exemple le tour “intuition” est parfait comme tour d’introduction évitant de commencer par l’habituel “prenez une carte…” où on agresse bille en tête un spectateur.
En plus celui-ci doit s’avancer ou c’est à vous de vous déplacer. C’est le tour typiquement perçu par les spectateurs comme un tour “déjà vu”, même si la suite est géniale, vous partez avec un a-priori négatif .
En demandant de donner le nom d’une carte à une personne au fond du public, vous prenez possession de l’audience, puis sous un prétexte quelconque on regarde les cartes (en fait on cherche la carte) on gagne un peu de temps car le jeu est déjà éventaillé et par exemple on retourne deux ou trois cartes inversées, tout en discutant sur le pouvoir de l’intuition. On demande aux spectateurs ce qu’ils en pensent, en les regardant dans les yeux, et si par hasard on ne trouve pas rapidement la carte on procède en plusieurs étapes.
Une fois la carte retrouvée et placée au bon endroit on peut étaler le jeu, demander pourquoi cette carte et pourquoi pas une autre, et finir en précisant que vous aviez eu une intuition ce matin et que vous aviez placé une carte déjà dans l’étui vide qui comme par magie se trouve être la bonne.
Bébel parle aussi du regard, comment il faut regarder les cartes au moment de l’effet, et regarder les spectateurs quand vous effectuez une technique.
Les yeux sont des phares qui dirigent l’attention du spectateur.
Il faut voir le tour du point de vue du spectateur, et non du point de vue du magicien. Il faut être conscient que pour un spectateur, si vous êtes en train de faire un SC, pour lui il ne se passe rien. Mais un débutant sera crispé (il verra la situation du coté magicien) ainsi le spectateur “sentira” qu’il se passe quelque chose, même si rien n’est visible. En fait (si on maîtrise parfaitement son geste) l’attitude du magicien doit être consciemment un non événement.
Alors que quand on réalise l’effet (le tour est déjà fini, pour le magicien en fait il ne se passe rien), là il faut regarder, prendre son temps, et marquer l’effet magique, et même suivant son personnage on peut être surpris.
En plus l’enchaînement doit pouvoir raconter une histoire, pas au sens “il était une fois….”, mais en donnant une cohérence dans les propos des cartes. L’effet magique est un langage, il dot être cohérent, on ne cherche pas les 4 as pour ensuite les perdre et les retrouver sans accompagner avec une explication.
Par exemple: “comment font les tricheurs avec les as” (on les cherche).
Après on explique que quand les as sont placés dans le jeu, le tricheur estime leurs positions (on les remets dans le jeu).
Et on démontre que c’est possible de les retrouver simplement en mélangeant le jeu et en les sortant un par un.
Il ne faut surtout pas être dans le déclaratif, je prend une carte, je mélange, etc…
Le spectateur le voit bien. Au contraire il faut souligner la situation par une justification.
Par exemple: “vous connaissez la symbolique du pique” c’est les ennuies, les problèmes, etc…
Cela permet deux choses, de justifier le geste de prendre une carte, de préférence pique et aussi de couvrir un éventuel mouvement. Vous posez une question en regardant les spectateurs, vous leur raconter une histoire, ils concentrent leur attention sur la question et oublient vos gestes.
La “p…..hèse d’oublie”, c’est important d’éloigner au maximum l’effet de la technique, le tour devient un miracle si le spectateur ne peut remonter à la technique, et pour cela il faut construire son tour et ses routines. Pas en meublant inutilement, mais en assurant des passages logiques sur des moments d’oublis.
Enfin, Bébel insiste sur l’erreur de la pensée habituelle que l’improvisation c’est difficile.
Selon lui, c’est simple et il ne faut pas forcément un bagage technique dément. Il suffit de travailler plusieurs variantes découlant d’une situation imprévue qui pourrait arriver sur vos enchaînements.
D’où l’importance de la connaissance “magique”, sans nécessairement être complète, savoir faire plusieurs LD, savoir faire plusieurs contrôles (Bébel en montre deux super simples), plusieurs FC etc…
Et s’habituer à simplement rebondir sur une situation non prévue, et parfois on peut assister à un vrai miracle, qui surprendra tout le monde, y compris le magicien.
CONCLUSION
Pour ceux qui pensent que sa conférence est réservée aux cartomanes accomplis, ils se trompent, car Bébel en parlant des cartes en fait parle de la magie en général et de la façon dont on doit aborder sa prestation. Ses explications sont universelles et font toute la différence entre un montreur de puzzle et un vrai magicien.
Une grande leçon, du comment aborder la magie et construire un vrai spectacle.
Compte rendu de Pierre Guedin publié sur Virtual Magie avec son aimable autorisation.
Nous sommes accueillis par Claude SALONI et son équipe d’ANIMA.
Un écran permet une bonne vision de la conférence et un pot est prévu pour l’entracte et à la fin de la conférence. Que demander de plus ?
L’inscription au club donne droit à quatre conférences gratuites car les finances ne sont pas la préoccupation principale de l’équipe. Au contraire, on ressent beaucoup de bienveillance et d’altruisme
Bébel, très en forme, invite deux spectateurs, un de chaque côté de lui, et c’est parti mon kiki.
INTUITION.
Une carte (8P) nommée par la spectatrice est trouvée dans l’étui. Voir L’illusionniste no. 364 de 2007, La Carte à l’étui.
TRANSITION.
Trois 8P deviennent un 3K et deux Jokers. Voir Imagik no. 19 de1998.
BONNETEAU au SANDWICH.
Première description dans la revue l’Illusionniste no. 349 de 2003.
A la recherche d’une carte (le 3K), une succession d’effets percutants.
Production de trois as puis d’un quatrième au stop de la spectatrice.
Production très visuelle. Travail sur l’improvisation.
MABILLON.
Un tour avec neuf as ! Première description dans la revue Imagik no. 32 de 2001.
TÉLÉPORTATION RENVERSANTE.
Et une double transposition asymétrique avec un gobelet. Dans ses Notes de conférence de 2005.
Au passage deux techniques de contrôle d’une carte choisie : par mélange au « book-break » de David Devant et la coupe rotative de Ken de Courcy.
Minute de poésie (et d’humour) avec « La dame de pique qui pique mon cœur » décrit la première fois dans la revue Magicus no. 141 de 2005.
LE HAREM termine en beauté un spectacle d’exception.
Les tribulations hautes en couleur d’une carte choisie.
Première description dans le livre Prestidigitation – Mille et une sources de Philippe Billot et Pierre Guedin (2011).
Quatre dames à dos rouge, un jeu à dos bleus, à la fin le jeu est rouge et les faces sont uniquement des dames.
À la vente, Bébel propose trois notes de conférence différentes et le DVD “j’improvise” réalisé par Philippe MOLINA.
Comme d’habitude, excellente prestation de notre ami Bébel.